jeudi 4 décembre 2008

Malgré les tensions avec la Géorgie, Pirosmani bien accueilli


Depuis le 2 décembre, le centre moscovite d'art contemporain Vinzavod expose des œuvres peu connues de l’artiste primitiviste géorgien Niko Pirosmani.

Avec deux mille œuvres réalisées et seulement deux cents tableaux conservés à ce jour, Pirosmani est devenu l'une des personnalités les plus connues de la culture géorgienne. Un douanier Rousseau caucasien, que les Russes tiennent pour un des leurs, et pas moins que les Géorgiens. Si Rousseau a imaginé ces jungles, Pirosmani a lui peint sa propre vie.

Et l'héritage culturel commun des deux pays résiste bien aux tempêtes géopolitiques. Depuis le conflit en Ossétie du Sud en août, les relations entre la Russie et la Géorgie sont toujours tendues.

Dans les restaurants géorgiens à Moscou, pas de vin cultivé dans le pays, interdit d'importation depuis plus de deux ans par les autorités sanitaires russes, connues pour leur décisions plus politiques que sanitaires. Il n'y a pas non plus de communication aérienne ou ferroviaire entre Moscou et Tbilissi.

"Nous aimerons toujours la Géorgie"

Mais ces tensions politiques ne suffisent pas à dissuader les visiteurs de l’exposition Pirosmani: "Nous aimons la Géorgie", explique Olga, médecin croisé dans l'exposition: "Nous l'avons aimée et nous l'aimerons toujours. Les ambitions de certaines personnalités politiques [référence au président géorgien Saakachvili, accusé d'avoir déclenché le conflit cet été, ndlr] n’y sont pour rien."

Le célèbre chanteur et poète Boulat Okoudjava et Niko Pirosmani sont deux figures emblématiques de l’héritage commun de la Géorgie et de la Russie. Au temps de l’URSS, presque chaque intellectuel écoutait les chansons mélancoliques à la guitare de l’un, et gardait à la maison un petit album des œuvres de l’autre.



La toile cirée, le carton, le fer-blanc, la toile: ce génie autodidacte s’en tirait avec les moyens modestes, comme le montre un documentaire de Sergueï Paradjanov diffusé dans l'exposition. Né en 1862, au village de Mirzaani, en Kakhétie, Niko Pirosmanichvili a commencé à peindre dès l'âge de 15 ans.

Ruiné à cause d'une Française et d'un million de roses

Selon la légende, il s'est ruiné en tombant amoureux d'une Française, une certaine Marguerite, chanteuse dans un café. Il lui aurait offert un million des roses rouges (toute l’URSS a appris cette histoire grâce à une chanson culte dans les années 80).

Il a mené alors une vie d'errance: "Je suis un solitaire dans ce monde et solitaire, je mourrai", disait-il. Ruiné par l'alcool, affaiblie par la faim il est mort en 1918.

Niko Pirosmani, La ripaille familiale. exposition au centre Winzavod, 1, rue Syromyatnicheskiy (édifice n°6), Moscou - jusqu'au 28 décembre - 50 roubles/200 roubles - Rens. : 00-7-(495)-917-46-46.

Photos: Une toile de Pirosmani, le centre d'art contemporain Winzavod (Olga Alissova)

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