jeudi 11 décembre 2008

Les Moscovites refusent la construction d'usines d'incinération dans leur jardin



Tandis qu'on s’approche de Yasenevo, le wagon de métro se vide peu à peu. La plupart des habitants de ce quartier dortoir typique de la capitale russe ont fait le voyage en sens inverse, pour aller travailler dans le centre-ville.

Parmi les chantiers en cours à la sortie du métro, des immeubles et des centres commerciaux. Mais aussi, bientôt, une usine d'incinération des ordures, donc la construction a été décidée par la ville fédérale.

Un projet qui inquiète les habitants, comme l'explique une jeune fille: « Pourquoi ne pas bâtir cette usine a Rublevka [le quartier le plus huppé de la capitale, ndlr], s’il n’y a pas vraiment aucun danger ? ».

« Je ne sais pas ce qui attend mon fils avec cette usine »

Emmitouflé sous plusieurs épaisseurs de vêtements, son petit garçon regarde le paysage avec curiosité. Il y a environ deux ans, Marina a demenagé dans le quartier avec sa famille :
« Cette partie de la ville avait bonne réputation, notamment grâce à un environnement préservé. Je ne sais pas ce qui attend mon fils si on construit vraiment cette usine. »
Le problème des ordures a atteint un niveau critique à Moscou. La capitale russe produit pres de 23 millions de tonnes d’ordures chaque année, et les 40 décharges de la ville, qui occupe une territoire grand comme Monaco, sont remplis a 90%. Elles seront à pleine capcité d'ici trois à quatre ans.

L'administration moscovite ne voit pas autre alternative à la construction de nouvelles usines d’incineration dans l'enceinte de la ville.

Une pétition a réuni plus de 15 000 signatures

Selon le projet du maire Yurii Loujkov, les habitants des quartiers Teplyi Stan et Yasenevo auraont l'honneur d’être les premiers à respirer les vapeurs toxiques de ces nouvelles installations.

Ils se sont réunis dans une association protestant contre la construction de l’usine, et ont lancé un site, un blog et un forum. Tatyana, coordinatrice du groupe, explique que leur pétition a déjà recueilli plus de 15 000 signatures, avant d'être envoyée au président Dmitrii Medvedev et aux services concernés. Pourquoi un tel engagement ? « Qui le fera si nous ne le faisons pas ? » répond-elle.

Les habitants et les écologistes estime que l'incinération n’est pas la seule solution possible. Au contraire. La combution des déchets engendre des rejets de dioxines dans l'atmosphère, des substances fortement cancérogènes. (Voir la vidéo d'une usine d'incinération dans le quartier de Kojoukhovskii)




Des risques existent jusqu'à 24 kilomètres de l'installation Selon le projet actuel, l'usine sera construite à 650 mètres seulement de la maison plus proche, alors que la zone de protection sanitaire pour ce type de site ne doit pas faire moins d'1 kilomètre.

Les Moscovites pas prêts à trier leur déchets ?

Selon les écologistes, il existe une alternative beaucoup plus écologique et moins coûteuse : le tri et le traitement secondaire des ordures. Mais les fonctionnaires à l'initiative du projet expliquent que les habitants ne sont pas sensibiliés à ces pratiques et ne sont pas prêts à trier leurs poubelles.

Pourtant, selon un sondage lancé sur le site de l'administration de Moscou, 72% des Moscovites se déclarent prêts à le faire. Selon Tatyana, si la construction de l'incinerateur est abandonnée, les habitants s'y mettront tous.

Adam Gonopolsky, un de principaux experts favorables à l'incinération et assistant du directeur de la société de traitement des déchets Ecotehprom se réfère à l'expérience des pays occidentaux, en affirmant que les incinérateurs sont souvent implantés au coeur des grandes villes.

Pourtant, d'après l'organisation écologique The Earth's Best Defense, aux États-Unis, on a fermé presque la moitié des incinérateurs municipaux depuis 1990. Et dans les directives acceptées par l'Union européenne en 2003 pour tous les pays-membres, la priorité est mise sur les autres modes de traitement des déchets.

A la question : « Vous essayez de changer les choses, mais vous pensez que ça va marcher ? », Tatyana répond : « Je ne sais pas, mais j'y crois vraiment. »

Photos : dans le quartier de Yasenevo (Youlia Ibragimova/Moscou89) - incinérateur à Moscou (www.biodiversity.ru).

1 commentaire:

unnom a dit…

la mode en france (pas les vêtements)
est le développement durable
mieux produire, mieux consommer, mieux traiter

10% des emplois concernent les secteurs de l'économie sociale et solidaire

un lien médias : novethic

http://www.novethic.fr/novethic/v3/home.jsp

(marrant le youtube russe : ru-tube!)

olivier