samedi 6 décembre 2008

A la télévision, le festival de mauvaises blagues de Vladimir Poutine

« Qu’est-que vous aimez de plus ? » C’était la dernière question posée au Premier ministre russe Vladimir Poutine jeudi, 4 décembre, lors de son intervention télévisée sous forme d'échange avec des citoyens lambda. « La Russie », a-t-il sobrement répondu.

On comprend que le leader russe aime un pays où l'on trouve des citoyens qui ont assez de sens de l'humour pour poser ce genre de question, prêts à jouer le jeu du pouvoir en pleine crise économique, alors que le chômage augmente et que tout le pays travers une période difficile.

Le même cérémonial s'était tenu l’an dernier, et une femme qui avait appelé s'était contentée, en entendant sa voix au téléphone, de le remercier « pour tout », avant de raccrocher.

Jeudi, on a pu constater que les conseillers de Poutine, désormais Premier ministre, ont travaillé sur un scénario un peu plus élaboré, avec des questions plus surprenantes. Alors que les fêtes du Nouvel An, fêté importante pour les Russes, approchent, le thème principal était tout choisi.

Poutine a ainsi assuré que les Russes n'auront pas à sacrifier leur traditionnel arbre de Noël à cause de la crise financière : « J’espère que tous ceux qui veulent acheter des sapins pourront le faire ». Avant de souhaiter un joyeux Noël à ses concitoyens.

La petite Dasha aura un cadeau à Noël

Poutine n'a pas précisé ce qu’il donnera à sa famille, mais il s'est déjà engagé à « résoudre » le problème le problème de Dasha, une petite fille de la république de Bouriatie privée de cadeaux cette année, en l'invitant à Moscou pour les fêtes.

Bonne idée, monsieur le Premier ministre, mais que faire pour les milliers d'enfants, qui, comme Dasha, n'ont pas d’argent pour acheter des robes ou des jouets, mais qui n'ont pas participé à votre beau scénario ?

Il faut dire que Poutine n'est lui-même pas touché par ces problèmes-là: pour son anniversaire dernier il a reçu un cadeau extraordinaire : un petit tigre. Le destin de cette animal a été très discuté déjà, jusque dans l'émission de jeudi.

Poutine a expliqué que le tigre est en très bonne santé, dans le zoo de Krasnodarsky Krai. Mais selon le quotidien Moskovsky Komsomolets, qui a téléphoné à tous les parcs animaliers de la région, le tigre n’est pas là. « Fille » (le surnom de l’animal) attend peut-être le Premier ministre calmement à la maison.

Poutine veut toujours
« pendre » le Saakaschvili

Soyons justes : pendant l'émission, Poutine a aussi abordé des sujets plus sérieux, avec son vocabulaire qu'on sait fleuri, fustigeant notamment « les idiots » qui ne comprennent pas le mal qu'il font aux Russes.

Les relations entre la Russie et Georgie ont reçu le même genre de traitement, en plus trivial encore, grâce à question d’un autre fan de l'ex-Président. Ce dernier lui a demandé de confirmer une déclaration rapportée par des médias français, selon laquelle Poutine voulait pendre le président Saakashvili par un endroit particulier? « Pourquoi par un seul endroit ? », avant de comparer l'intervention des troupes russes avec l'occupation de l'Irak par les Etats-Unis.

Mieux vaut rire que de s'expliquer

Apres trois heures d'émission, Poutine a décidé qu’on pouvait s’amuser davantage : il a choisi (enfin, lui ou ses conseillers) des questions reçu par SMS. Les voici :
- « Est-il vrai que le pays va devoir émettre de nouvelles devises ?
- N’importe quoi.
- Qu’est-que vous en pensez des bains russes ?
- J’aime tout ce qui est russe. » (Ecouter le son, en russe)
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- « Où allez-vous fetez le Nouvel An ?
- A la maison.
- Vous etez romantique ?
- Un peu.
- Quand y aura-t-il de la neige ?
- C’est la volonté de Dieu.
- Quel regard portez-vous sur le bordel qui commence dans le pays avec les élections ?
- De quel pays parlez-vous ? »
Rire, c’est bien sûr mieux que pleurer. Mais finalement, les choses les plus drôles et les plus difficiles à croire ont elles été prononcées très sérieusement : les garanties données sur le système social, la hausse des retraites, l'amélioration de la formation, de la politique de santé, la baisse du chômage, la hausse des salaires, la croissance économique. (Ecouter le son)
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Dans les institutions de l’Etat, monsier Poutine, on s’amuse bien, n’est-pas ?

Tania Kopalkina

Illustration : photomontage à partir du portrait officiel de Vladimir Poutine

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