vendredi 5 décembre 2008

Les Moscovites découvrent « Entre les murs », surprenante Palme d'or française


L'avant-première du film de Laurent Cantet Entre les murs, qui a reçu la Palme d’or du Festival de Cannes 2008, est passé hier à Moscou. Le groupe Cinéma sans les frontières a présenté le drame, rebaptisée Klass (« une classe ») dans la salle du cinéma Formoula Kino Gorizont. Le public nombreux témoignait de l’intérêt des spectateurs russes pour cette plongée dans le quotidien de l'école française.

Entre les murs était au départ un roman, le troisième signé de François Bégaudeau, qui joue aussi le rôle principal du film. Francois est un professeur de français dans un collège d'une Zone d'éducation prioritaire (ZEP), dans le XXe arrondissement de Paris. Il s'efforce d'enseigner la littérature à des élèves d'origines multiples.

Non sans difficultés, face à des ados qui sont presque tous issus de l'immigration, et préfèrent souvent protester et argumenter avec l'enseignant, plutôt qu'apprendre. Et vont parfois jusqu'à se confronter durement avec leur enseignant, ce qui menace son autorité. (Voir la vidéo)



Mais qu'on pensé les spectateurs russes de ce drame social? Pour Irina, 30 ans, le système scolaire russe tient la comparaison :
« C'est presque un documentaire sur les problèmes d'un collège français, qui sont différents des nôtres. Et c'est difficile pour nous de les appréhender, d'éprouver de la la compassion. Mais on comprend que le film ait reçu des récompenses.

J'ai tendance à penser que nos méthodes d'enseignement sont plus justes. Mais nous avons d'autres problèmes. »
Ismail, 30 ans, connait déjà l'oeuvre du réalisateur :
« Laurent Cantet est un très bon réalisateur français, très original. « Entre les murs » m'a rappelé son précédent long métrage, Timeout. C'était un drame fin, qui serrait le coeur, sur un looser qui voulait s'en sortir. Un film mélancolique et de bonne qualité, pour les soirées d'hiver. »
Alina, 23 ans, décrit le public ciblé par le film, selon elle :
« Ce film est étrange, un peu comme It's a Free World [de Ken Loach, ndlr]. Il faudrait forcer les amateurs de cinéma intello à aller le voir. »
Sergei, a apprécié l'interprétation de François Bégaudeau :
« Le personnage principal de ce film est surprenant, parce qu'il est garde son sang froid tout au long du film. On a plutôt l'habitude de voir des héros de cinéma plus bizarres, plus fous. »
Le film a fait réfléchir Nikolai sur les questions d'immigration, en France et en Russie :
«Le film est excellent. Je pense que les problèmes dans les collèges français et la coexistence des groupes d'origines différentes sont excessivement complexes.

Je pense que la législation migratoire doit être améliorée. Elle doit être plus sévère. Les autres groupes sont obligés de faire avec les normes et les traditions venues d'ailleurs, comme avec les musulmans en France ou les Russes en Lettonie. »

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