vendredi 5 décembre 2008

Projet d'amnistie : l'une pourrait sortir de prison, l'autre pas



Comme toutes les mères, Anna Mikhailovna raconte que sa fille est belle, gentille et généreuse. Elle s’appele Inna, et elle a 24 ans. Comme toutes les mères, Anna Mikhailovna regrette de n'avoir pas pu assez protéger sa fille.

Elle commence à pleurer quand elle se souvient de la raison de son absence - sa fille est en prison, et elles ne peuvent se voir qu'au parloir. Anna n'est pas concernée directement par le projet d'amnistie des prisonniers : Inna n'est ni malade, ni enceinte. Mais elle suit de près son évolution.

Anna Mikhailovna a souvent dit à sa fille qu'elle n'aimait pas son petit ami Sergei. « J'ai toujours pensé qu’il n’est pas très fiable », comme elle me l'a répété pendant toute la conversation. Et elle savait pas l'essentiel : Sergei est toxicomane, et Inna a tenté de le sortir de la drogue pendant trois ans.

Souvent, il a promis de décrocher, mais il n'a jamais tenu parole. Inna a connu tous les dealers du marché de Cherkizovskiy, même ceux qui vendent de la drogue dans des boulangeries.

Mère d'un petit garçon, Katya pourrait être amnistiée

L'histoire s'est mal terminée : Sergei était connu des services de police, classé comme élément antisocial. Mais c'est finalement c’est sa copine Inna qui a été arrêtée a sa place. Les policiers se sont faits passer pour des trafiquants, et, au domicile de Sergei, ils n'ont trouvé qu'Inna et la drogue qui était cachée.

En prison, la jeune fille piégée écrit à sa mère, commentant le projet d'amnistie pour les prisonniers qui est débattu en ce moment : sa codétenue Katya a un fils, âgé de 5 ans, ce qui pourrait lui permettre d'être libérée avant la fin de sa peine. Inna explique qu'elle est à la fois contente pour Katya, et aussi un peu jalouse.

Anna Mikhailovna explique que le président de la Douma Boris Gryzlov a expliqué qu'il envisageait « une amnistie en avril ». Le projet marquerait alors le 100e anniversaire de la Douma d'Etat. Quatre projets sont examinés par un commission, qui prévoient tous l'amnistie des femmes avec des enfants mineurs. Ce qui explique que Katya espère être bientôt libre.

La radio Echo de Moscou a calculé que la mesure concernerait au total entre 12 000 et 13 000 personnes : mineurs, personnes proches de l'âge de la retraite, femmes enceintes et mères d'enfants mineurs.

« Pourquoi pleures-tu ? Je suis vivante ! »

Dans les lettres, Inna raconte Anna comment Katya doit calmer sa propre mère quand elle vient lui rendre visite : « Pourquoi pleures-tu ? Je suis vivante ! Et peut-être que je serai bientôt avec toi et avec mon fils ! »

Katia a été condamnée à huit ans de prison et pour trafic de drogue. Dans sa voiture, la police a retrouve un kilo d'héroîne. Son mari était au volant, et l'a persuadée de tout prendre sur elle : « Tu est une femme, et en plus enceinte, ils ne te garderont pas longtemps »

Elle a obéi sans poser de questions. Son premier fils Vitya est né en prison. Son mari ne vient jamais aux rendez-vous, et personne ne semble savoir où il se trouve. La mère de Katya éduque le petit Vitya, mais les deux femmes espèrent pouvoir s'en occuper ensemble. Bientôt.

Photo : b1ur/Flickr.

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